Retour d’expérience sur mon premier marathon

D’aussi loin que je me souvienne, quand j’entendais parler de marathon et de marathoniens, je me disais qu’il fallait être sacrément taré et courageux de faire un marathon. Un peu plus de 42km de course à pied, alors que moi à l’époque, j’étais tout fier de pouvoir aligner 2km sans m’arrêter. Cette époque n’est pas si loin d’aujourd’hui. Il faut simplement remonter 4ans en arrière, me rajouter 15kg au passage et me voici donc en 2011.

2011, début du running

Cette année là, je décide me mettre à la course à pied. En réalité, je ne ferai que 2 sorties de 3km chacune…On revient l’année d’après avec un chouïa plus de motivation et un premier vrai objectif: courir mon premier 10km! (ça parait pas mais à l’époque ça revenait presque à dire je veux faire un marathon!).

19 sorties et 200km pour 2012 avec un premier objectif rempli: le 10km (pour le premier, le finir était déjà une réussite). Une épaule cassée et des blessures à répétition (mauvais équipements et mauvaise préparation) feront que l’année d’après, en 2013 donc, je ne courrais guère plus qu’en 2012.

2014, re-début du running!

Pour 2014, qui signe mon arrivée à Lyon, je me remet sérieusement au running avec pour seul objectif de reprendre le plaisir que j’avais perdu à courir et aussi faire un bon temps au “Run’in’Lyon” sur 10km. Une 40aine de sorties pour un total de 250km et surtout un objectif atteint: je boucle mon 10km sous la barre des 50 minutes (48’48). C’est pas la perf de l’année, mais pour moi pas si mal 🙂

Si je devais résumer cette année avec une seule phrase ce serait celle-ci:

Sois plus fort que tes excuses

Car oui quand on cherche bien on a toujours une bonne raison de ne pas aller courir, trop froid, trop chaud, il fait nuit, je suis fatigué, j’ai mal aux jambes, je suis malade…Cette année là, j’ai surtout arrêter de m’écouter autant que je le faisais avant!

2015, une année de défis

En 2015, je me fais quelques connaissances sur Lyon, qui me font vite relativiser sur mes “perfs”. Ces personnes avalent les kilomètres comme j’avale les mojitos, et avec eux les distances changent de dimension: un 10km est un “ptit footing”, un 20km devient une simple sortie, pas de quoi en faire tout un plat… Alors moi qui suis tout heureux quand j’aligne 2 sorties de 10km dans la semaine…je relativise! Bref comme souvent dans ce milieu, on se compare aux uns aux autres (juste niveau perfs hein) et cette année je me fixe l’objectif un peu foufou de faire mon premier semi-marathon! (là encore j’ai l’impression de me fixer un tour du monde comme objectif). Une charge d’entrainement un peu augmentée et quelques kilos perdus, j’enchaîne cette année là presque 100 sorties et 750km de parcourus. Mon premier semi-marathon sera bouclé dans un temps que je n’envisageais pas: 1h43! Mieux préparé et mieux entraîné, je vis mieux le semi que mon premier 10km, il est passé tout seul!

A peine le semi-marathon terminé qu’il me faut courir après un autre objectif, forcément plus haut. La saison des marathons est terminée (l’hiver approche). Je ne peux attendre le printemps 2016 pour la prochaine échéances. C’est ainsi que je me lance dans mon tout premier trail. On est en janvier 2016, j’ai le choix entre un 15km et 600m de dénivelé et un 30km avec 1200m. Alors que je m’oriente vers le premier (je ne connais pas le millieu du trail, donc visons petit pour une première) et là mon entourage de runners me dit que j’ai largement les moyens de faire le 30 au vu de ma préparation. Là encore, grosse pression, je découvre un type de course que je ne connais pas, des dénivelés qui me paraissent monstrueux (je cours le plus souvent sur des terrains assez plats). 1200m, c’est quand même monter 4 fois la tour eiffel en même temps que de courir 30km! Au final ce premier trail se passera très bien, dans la bonne ambiance qu’on peut trouver dans les trails.

Je suis maintenant prêt pour cet objectif, celui que j’ai toujours eu dans le coin de ma tête depuis que je cours, celui après lequel je cours en 2016…le marathon.

J’en profite pour m’équiper de ma première montre GPS-Cardio (Garmin Forerunner 230). Je ne sais pas pourquoi je ne l’avais pas fait avant, c’est un véritable booster de performances (et ça aide à mieux se jauger avec le cardio). C’est motivant de suivre ses perfs et ses objectifs en temps réel, bien mieux que d’utiliser un téléphone comme je le faisait jusqu’alors (je le garde toujours pour écouter de la musique et en cas de secours quand je pars seul).

Objectif lune marathon

J’ai toujours une petite boule au ventre quand je l’évoque, j’ai comme une forme de respect pour ce mot quand je l’utilise. J’ai déjà une bonne préparation de base qu’il me faudra compléter ensuite, donc je ne veux pas faire un marathon en fin d’année, je me fixe l’objectif de le faire sur le premier semestre 2016 (ça me laissera la place pour autre chose après qui sait!).

Comme je n’en ferai peut-être pas 50, je cherche un marathon pas trop loin de Lyon et qui soit dans un joli cadre et accessible. Je jette mon dévolu sur celui de Marseille. (j’aurai aimé faire celui de Bordeaux ou celui du Mont Saint-michel, mais un peu loins). J’ai à partir de ce moment là 9 semaines tout pile pour m’entraîner. Sachant que beaucoup de programmes d’entrainement sont basés sur 8 ou 10 semaines pour les plus courts: c’est jouable. De toute façon, comme pour chaque première course, aucun objectif officiel de temps, être finisher sera déjà une perf (bon j’ai quand même dans un coin de ma tête une notion du temps que je jugerai acceptable [finir en dessous de 4h pour le marathon en l’occurrence]).

Je prends un plan d’entrainement pour un marathon 3h30 que je parviens à suivre sans difficulté (le plus dur reste les phases d’endurance où le but est de ne pas faire monter le cardio trop haut). Cela dans l’espoir de pouvoir espérer viser 3h45. Ce serait bien 3h45!

La phase d’entrainement se passe plutôt bien, j’enchaîne 4 sorties par semaine pour environ 50km. Seule une chose me dérange, jamais à l’entrainement je ne dépasserai les 30km de course. Je n’aurai donc jamais couru un marathon entier avant…LE marathon! On ne sait donc pas vraiment ce que l’on vaut, on n’a pas fait connaissance avec ce que beaucoup appellent le mur des 30km, bref on est dans l’incertitude!

Je ne pensais pas que la dernière semaine avant le marathon serait si difficile, non pas physiquement, mais mentalement. En effet physiquement pas de soucis puisqu’aucune sortie ou presque de prévue, l’idée est de “faire du jus” (récupérer et emmagasiner un max de forces en quelques sorte). Mais mentalement ça devient dur. On est d’un coté très impatient d’en découdre puis de l’autre la peur de ne pas y arriver.

J-7

Normalement, aujourd’hui dimanche, plutôt que de m’empiffrer des tartines au petit déjeuner, je consacre une grosse partie de ma matinée à ma sortie longue hebdomadaire (une 20aine de km pour 2h de course). Aujourd’hui, repos oblige, je n’en ferai pas. Je culpabilise un peu et j’ai déjà l’impression que je vais payer cette absence de sortie longue. Pourtant c’est marqué dans mon programme…

J-6

La semaine passée, j’étais au ski. Cette année, j’y ai été un peu plus calme par peur de me casser quelque chose, mais ça a été tout de même éprouvant pour mes jambes qui me le font sentir encore un peu (ou du moins j’en ai l’impression). J’ai délaissé un peu mon entrainement car il était dur d’allier des journées de ski et de la course à pied!

Je fais ma dernière sortie (16km) tranquillement et je sens que si le cardio est prêt, les jambes n’y sont pas… J’en profite pour tester les produits que je prendrais pendant la course histoire de voir si je les supporte. C’est dégueu mais plein de bonnes choses parait-il! Une semaine de boulot chargée couplée à une échéance se rapprochant, les nuits sont agitées.

J-5

La culpabilité de ne plus courir me ronge un peu plus, et il y a par dessus ça un manque (vous savez cette accoutumance dont on parle souvent). 50% de mes collègues sont malades, mais viennent quand même au travail, je me lave régulièrement les mains et je croise aussi les doigts. J’ai pas été malade ces 3 dernières années, je n’ai pas envie de l’être ce weekend!

J-4

L’avantage de ne plus courir, c’est qu’on a plus de temps pour faire autre chose, j’en profite donc pour lire des comptes rendus de “premiers” marathons, et je me dis que moi aussi il faut que je couche sur papier toute cette expérience, ça doit être sympa de relire plusieurs année après, et ça peut rassurer et peut-être aider ceux qui me liront! Les nuits sont toujours agitées et je suis assez fatigué (est-ce un contrecoup de l’arrêt du sport? est-ce dans la tête? suis-je vraiment fatigué? Je ne sais pas trop..). Dans le doute: cure de magnésium, vitamine c. On oublie les apéros cette semaine! Pour la bouffe, je ne change pas mon alimentation, je ne vise pas une perf olympique, et je mange de toute façon assez sainement à la base.

J-3

J’ai mal aux jambes, je suis fatigué, mes collègues sont toujours malades. Pas étonnant qu’avec ce doux cocktail je devienne complément hypocondriaque. Un banal mal de ventre se transforme en gastro, de légères douleurs abdominales sont peut-être synonymes d’un début de grippe.  Je m’en voudrais tellement de ne pas pouvoir essayer de réaliser mon défi à cause d’une maladie. Courir 42km avec la gastro, ça doit pas être cool! Par anticipation, j’anticipe les points toilettes sur mon parcours ^^.

J-2

Je continue de lire des récits, ce n’est pas des papillons que j’ai dans le ventre, mais plutôt des chenilles je pense. En plus, la course se déroule dans une ville que je connais peu, il y a la partie logistique et organisation qui m’est inconnue (il faut se rendre au départ du marathon via des navettes spéciales), bref ce sont tous les à coté du marathon qui me rendent anxieux. (en fait je crois que j’ai toujours une bonne raison d’être anxieux!).

J-1

42.195km en suis-je capable? J’arrive ce jour dans la cité phocéenne, et je n’ai jamais été aussi peu sûr de mes capacités à réaliser ce marathon. Mentalement aucun doute, j’ai une force qui me rendrait capable de courir 200km, physiquement, j’ai “juste” peur que mon corps souffre trop. J’avais encore de gros problèmes de genoux il y a quelques années, j’ai peur qu’ils se réveillent. Seule la blessure me fait peur en fait. Si je ne me blesse pas, je me sais largement capable de le faire (peut importe si il me faut 5h, je le ferai c’est sûr). Coté jambes, je les sens toujours un peu faiblardes, mais une fois de plus c’est peut-être dans la tête!

A chaque fois que je regarde l’heure, je calcule le temps qui me sépare du départ. 60, c’est environ le nombre de fois où j’ai fait ce calcul!

Le moindre lieu visité me fait tomber sur des affiches qui viennent me rappeler que l’échéance approche. L’après-midi sera tranquille: ballades et surtout: récupération du dossard. J’ai choisi de ne pas courir les 10-15min préconisées dans certains programmes, j’estime que ça servira à rien d’autre qu’à éventuellement me blesser!

Je prépare en rentrant toutes mes affaires afin d’être sûr de ne rien oublier le lendemain. La tenue de combat est prête!

 

Préparation de la tenue de combattant!

5h40, ça pique un peu!

Le soir, petit apéro (sans alcool) et jeux pour décompresser puis un petit plat à base de poulet…

Réglage du réveil, ça pique un peu: 5h40. Il est 22h30, il est temps d’aller essayer de dormir, je suis fatigué, mais j’ai le trac!

Je me réveille une première fois dans la nuit, pleine forme, cool! Je regarde l’heure, 0h30. Ok. On se calme et on essaie de se rendormir…

Jour J

Réveil matin, 5h40, je me lève comme une fleur, déterminé à en découdre, un peu de stress, moins que la veille, juste hâte d’aller au combat!

J’engloutis une platrée de pâtes et des oeufs brouillés, plus facilement que je ne l’aurai imaginé!

Avouez que ça donne envie!

H-2

6h20 : j’arrive sur le vieux-port d’où je pars en navette direction les calanques (ce marathon ne forme pas une boucle, il faut donc acheminer les coureurs au point de départ).

6h40 : tiens c’est marrant, ça fait 20min qu’on est parti du vieux port et que vois-je devant moi? Le vieux-port…J’ai beau ne pas connaitre bien la ville, quelque chose ne va pas…Notre conductrice a semble t-il fait mauvaise route ^^

H-1

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7h20 : arrivée au calanques, le bus nous dépose à 1km du départ, nous voilà partis pour un peu de marche! Le soleil est là, temps dégagé, 14° environ: un temps idéal!

7h35 : arrivée au point de départ, on se change, se prépare, s’échauffe, la pression monte gentiment. Au repos j’ai le cardio à 100bpm.

7h58 : au repos, le coeur est à 120bpm, ça monte ça monte…

8h00 : top départ du marathon. Je me cale derrière le meneur d’allure 3h45 (c’est un bénévole, réglé comme un coucou, avec un grand drapeau qui finira son marathon en 3h45!).

J’en vois certains équipés comme des soldats d’infanterie: bandoulière de gels, ceinture multi-bidons, short spécial, chaussettes de compression…et il y en a d’autres qui sont avec un short dégueulasse et un vieux marcel. L’habit ne fait pas le coureur. Ni l’argent que vous jetterez mettrez dans votre équipement (hormis les chaussures)!

Les premiers kilomètres

Crédit photo : RunInMarseille

K0

km5Sur les 5 premiers kilomètres, je me sens plutôt bien, il y un petit vent qui souffle et pas mal de montées/descentes. J’ai déjà le coeur dans le rouge (185bpm). Ça m’inquiète car si le cœur n’est pas au rendez-vous, je pourrais demander tout ce que je veux à mes jambes, ça ne répondra pas…

J’essaie de pas y penser, un bénévole court à coté de moi avec une enceinte qui crache de la bonne musique, enjoy!

K5

km10Ça redescends un peu entre le 5ème et le 10ème kilomètre, mais c’est toujours haut. Pourtant le rythme est largement à ma portée 5’20 au km. (je tourne à du 4’45/km sur des distances plus courtes).

Je m’accroche et essaie de rester près du meneur d’allure pour ne pas me laisser distancer. J’ai pas voulu trop m’échauffer (3min seulement…), je le paie peut-être un peu.

K10

km15Le kilomètre 10 est arrivé super vite, je ne les ai pas vu passer. Le décor splendide et le temps parfait ont du y contribuer! Il y a un silence quelque peu étourdissant dans le peloton, c’est assez étrange. Quasi personne pour nous encourager (quelques fêtards éméchés sortis des boites de nuits, rien de plus!), il faut dire qu’on est pas vraiment encore au vieux port mais bon. Je me sens mieux, j’ai accéléré légèrement le rythme et le meneur d’allure se trouve derrière moi. Je boucle mes 10km en 52’12, un peu en avance sur mon temps de passage idéal. Une petite pâte de fruit et une banane pour reprendre des forces et on attaque la suite!

On passe devant le sublime stade Vélodrome et on se dirige ensuite vers le parc Borély.

K15

km20On cours dans le parc Borély, c’est joli et il y a un peu plus d’ambiance! J’aperçois aussi des panneaux “30km”, un peu démoralisant de se dire qu’on repassera par ici d’ici 1h30! (il y a une boucle de 17km sur le parcours).

Je me sens toujours bien, je sais que ça peut-être un piège d’accélérer le rythme à ce moment là. J’ai également peur de me cramer à ne pas aller à mon rythme, j’accélère encore un peu la cadence pour arriver à un rythme situé entre 4’55 et 5’10/km. J’en donne pas plus de peur de vraiment me cramer.

J’échange quelques sms avec ma chérie pour recevoir ses encouragements en live lui partager mon ressenti, ça passe un peu le temps en plus!

K20

km25“On entre dans le dur là!”, c’est le dernier sms que je lui ai envoyé durant ce marathon. Non pas que je me sentais mal, mais on montait la difficulté d’un cran! Mon rythme s’en ressent d’ailleurs: je reviens à une moyenne de 5’30, dans mes objectifs toujours. Je boucle mon semi-marathon en 1h49 soit 6min de plus qu’à mon dernier semi en course officielle. C’est pas si mal…

L’heure est venu de prendre mon premier gel, je ne prends jamais ce genre de truc, mais il parait que c’est mieux pour un marathon, donc j’avale ce carburant alimentaire! Je fais le con devant les fanfares qui jouent de la trompette pendant que je les imite avec une banane. Le meneur d’allure 3h45 est loin derrière moi, à vue de nez, je dirais 3 minutes.

On retrouve des semi-marathoniens qui font un bout de parcours avec nous. Ils ont plus la pêche que nous ces cons!

Suis-je en train d’halluciner ou devant moi je vois quelqu’un pieds nus? Ça mérite de s’approcher un peu plus. Ah nan le gars est bien pieds nus. Il a un bon rythme en plus. Il m’explique que ça fait un an qu’il pratique la course à pied nus. Ça s’appelle le “minimalisme”, mon podologue m’en parlait encore il y a 2 semaines. Respect en tout cas!

Crédit photo : RunInMarseille

K25

km30Quelques cotes pour arriver jusqu’au vieux-port (les fameuses cotes de port sans doute), dur aussi de se dire que ces dernières seront à refaire à la toute fin du marathon. J’ai largement assez de jus pour les passer, mais j’y vais tranquille sans forcer.

Il est 10h20 quand j’arrive pour la première fois au vieux-port, c’est encore calme comme sur le reste du parcours d’ailleurs, ça le sera encore plus après, puisque comme au départ, nous nous retrouvons qu’entre futurs marathoniens (les semi s’arrêtant au vieux port), c’est d’un coup plus calme et le faux rythme imprimé durant les derniers kilomètres. Je me retrouve alors quasi seul sur le parcours (le groupe est assez éclaté).

On arrive sur la looooongue avenue du Prado (3.5km de ligne droite). Au bout d’un certain temps je cherche à voir si je vois le meneur d’allure 3h30 histoire de me donner un but, je ne le vois pas…Je me retourne alors. Oh merde, le meneur d’allure 3h45 revient sur moi…

K30

km35Kilomètre 30,25km très précisément, je me fait reprendre par le groupe 3h45. C’est un coup dur pour moi qui me sentais mieux. Mais depuis 2km, je n’ai plus de jambes, les 4km de descente ont achevé mes cuisses qui brûlent terriblement. Le vrai marathon commence désormais!

On repasse sur les traces du K15, ça fait du bien de se dire qu’on repassera plus là. Mais le parcours fait aussi qu’on croise des marathoniens qui ont 20 minutes d’avance, c’est pas évident à gérer.

Je m’accroche et lutte un peu pour rester avec les 3h45, je suis en surrégime pendant 2km. Je dégaine mon dernier gel magique.

Kilomètre 33, je décide de lâcher du mou pour ne pas complètement exploser. A nouveau un coup dur, mon objectif initial d’être finisher avait évolué pendant la course passant alors à “3h45” puis à “moins de 3h45” ensuite. On revoit l’objectif à la baisse: ce sera “moins de 4h”.

K35

km40On a fini de serpenter dans les travées du parc Borély, j’aperçois dans le parc le meneur d’allure 4h qui est bien loin de moi (2.5km je pense), ça me rassure et je me dis que je ne dois plus perdre de terrain. Enfin un peu de positif.

Kilomètre 36, encore un nouveau coup dur: les coureurs du 10km nous rejoignent. Les premiers courent à des moyennes de 3’00 au km soit presque le double de moi actuellement.

Kilomètre 37, dernier ravito avant l’avant dernière côte de 4km. J’en profite pour m’arrêter et reprendre un peu mes esprits. Il ne reste que 5km, j’en suis à 3h20 de course. Si je veux finir avant 4h, il me reste 40min soit 8’00/km, j’en suis capable même si ça devient vraiment dur.

Je fais le choix de m’arrêter une dizaine de secondes à chaque kilomètres pour soulager mes cuisses (mais pas trop longtemps car elles se raidissent vite). Ça me fait du bien et ça me donne un objectif à très court terme. Mentalement ça aide même si les 10km frais comme des gardons déboulent de tous les cotés.

Kilomètre 38, il y a plus de monde sur le bord de la route maintenant. Ce qui est cool c’est que les spectateurs encouragent plus facilement les marathoniens qui portent le poids des kilomètres sur leurs visages! Ça fait du bien mais ça n’atténue en rien mes douleurs aux cuisses.

Kilomètre 39, partagé entre “mec c’est bon, plus rien t’empêchera d’aller au bout” et “purée c’est encore long et ça grimpe encore!”, mon rythme actuel oscille entre 5’40 et 6’00, ce sera mon rythme de croisière jusqu’à la fin.

K40

km42Je n’ai plus trop la tête à regarder ma montre et j’ai l’impression d’aller à 2 à l’heure! Les coureurs du 10km continue toujours de me doubler… c’est dur, je m’arrête une dernière fois sur ce qui sera mon dernier ravito (en réalité les deux verres d’eau que je prendrais finiront sur ma tête pour me rafraîchir!). Je double un marathonien au bout de sa vie, en train de vomir sur le coté.

Il ne reste plus que 2km, c’est bientôt la fin! Je commence à réaliser que la fin est là. Les encouragements chaleureux des gens m’emplissent d’une émotion qui me fait frissonner de la tête au pied. Je sens les larmes monter en moi. Ce n’est pas le moment de craquer.

Kilomètre 41: c’est amusant, des voitures sont bloquées dans les bouchons et j’avance plus vites qu’elles malgré mon rythme hyper lent. Voilà enfin quelque chose que je parviens à doubler en cette fin de course! Je croise plein de coureurs ayant fini leur course, je me dis que je serai bientôt comme eux, à regarder les autres coureurs en train de finir!

Kilomètre 41.195: dernier panneau indicateur de distance, c’est la flamme rouge, le dernier kilomètre. D’ordinaire j’aime me défoncer et tout donner à en être mal à l’arrivée. Là je suis déjà au bout de mes forces. J’entends plein de “Allez Xavier”, “Courage le marathonien”, ça fait chaud au cœur et je ne sais pas si c’est la sueur ou l’émotion, mes yeux se mettent à transpirer plus que la normale…

download_20160320_142548Kilomètre 42.195: 3h50’43, c’est le temps officiel que j’aurai mis à parcourir ce tout premier marathon. Je me sens très bien à l’arrivée, hormis ces fichues cuisses qui ne m’avaient jamais fait ressentir de douleurs depuis que je cours.

Je suis plutôt satisfait de moi, même si je regrette un peu de ne pas pu atteindre pleinement l’objectif des 3h45.

Je m’hydrate et mange un peu, mais je n’ai pas faim: j’ai du avaler 5 bananes, 3 pâtes de fruits, 3 barres au amandes, 2L de powerade, autant d’eau : je dois être à deux doigts du diabète avec ça.

H+1

Je m’amuse toujours à faire des décomptes, mais cette fois-ci à l’envers “il y a 1h, j’étais dans le mal”, “il y a 4h je partais tout juste”…Les gens que je croise ont comme une forme de respect quand il voient mon dossard. Finalement, le temps parcouru importe peu, c’est les 42km qui comptent, j’ai moi même du respect, encore plus peut-être, pour ceux que je vois encore franchir la ligne d’arrivée avec des temps situés à presque 5h.

H+2

Me voilà “froid”, et mes jambes se sont comme pétrifiées. Je ne m’étais pas encore assis depuis mon arrivée, mais là il fallait reprendre la voiture…Quelle dure labeur que de s’installer sur le siège. Ce sera 10 fois pire en essayant d’en sortir 30min plus tard!

H+10

Il est 22h, nous sommes rentrés de Marseille et étrangement, bien que n’ayant pas dormi les deux dernières nuits et m’étant levé à 5h40 ce matin, je suis en forme! Mes cuisses toujours raides, un petit massage s’impose avant la nuit durant laquelle je dormirai d’une seule traite. Tu m’étonnes!

J+1

C’est moins douloureux que la veille, mais chaque escalier que je dois descendre est une épreuve, si ce dernier n’est pas équipé de rambardes, je met 2 fois plus de temps!

La journée au boulot se passe bien, je ne suis jamais longtemps assis, les muscles n’ont pas le temps de se reposer.

Retour à la maison le soir et mon canapé devient mon meilleur ami, mais aussi le pire ennemi de mes cuisses qui ne supportent pas l’inactivité semble-t-il.

Bilan post-marathon

Ça fait tellement d’années qu’il me faisait rêver, un défi tellement grand qu’il me paraissait insurmontable et pourtant…si j’ai bien appris quelque chose avec le temps, c’est que tout est possible pour celui qui croit en lui.

Alors quand je me suis vraiment mis en tête cet objectif l’année dernière, j’ai fait le nécessaire pour l’atteindre et repousser encore un peu plus mes limites. Des limites toujours plus grandes. Je me souviens encore qu’il y a quelques années, c’était de courir 2km sans m’arrêter, puis 5. Puis ensuite courir 10km, puis 20km puis 30km. Et me voilà aujourd’hui à 42km, avec la ferme intention d’aller au delà encore, tant que mon corps me le permettra!

Finalement, je m’en faisais une montagne et il est plutôt bien passé pour moi. Physiquement hormis une douleur musculaire aux cuisses, aucun pépin. Mentalement c’est dur certes, mais là dessus, je n’avais pas à m’en faire, je suis un guerrier!

Je pensais être un peu dégoutté des marathons et n’en faire qu’un seul (pour me consacrer aux trails > 42km), mais je n’exclue pas d’en refaire d’autres histoire cette fois de battre mon record.

J’ai toujours été envieux et admiratif envers les marathoniens depuis tant d’année. Je peux maintenant me dire avec fierté que je fais partie de ceux-là…

Merci de m’avoir lu jusqu’au bout de cet article marathon (dans tous les sens du terme!)

« Seuls ceux qui prennent le risque d’aller trop loin peuvent éventuellement savoir jusqu’où on peut aller. » – T. S. Eliot

 

 

3 thoughts to “Retour d’expérience sur mon premier marathon”

    1. Je fais la montée du mont-ventoux à pied en juillet (après l’avoir faite en vélo en fin d’année dernière), puis je me préparerai ensuite pour la sainté-lyon normalement!

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