Ceux qui me lisent et/ou qui me connaissent savent que je suis passionné de running depuis quelques années déjà. Des défis, j’aime m’en donner régulièrement et je ne carbure désormais plus qu’à cela. Je me souviens encore des tous premiers défis qui ressemblaient à “courir 3km sans m’arrêter” ou “faire 5km”. Puis, petit à petit les distances se sont allongées et j’ai réalisé un truc impensable l’année dernière: participer (et surtout boucler) à mon premier marathon.
Forcément, la barre étant repoussée chaque fois un peu plus loin, il me fallait quelque chose de plus intense que cela…Le problème est qu’après un marathon, les distances passent souvent à du 70/80km et que le gap était grand.
Je m’étais donc fixé pour 2017 un challenge, celui de faire un trail (sous entendu donc avec un minimum de dénivelé) d’au moins 42km pour dépasser cette barre mythique…
Quelques petits bobos m’ont empêché de choisir mes courses mais j’ai pu en trouver une en ce début octobre qui correspondait parfaitement à mes critères: le Boulieu Trail (ouais le nom envoie pas du rêve ^^) 53km et 2200m de D+ et en plus pas très loin de chez moi.
Pour me prémunir d’un “DNS” comme on dit (“Did Not Start”) à cause d’une blessure, je me suis inscrit au dernier moment. Ma préparation physique (50 à 70km par semaine) me permettait de m’inscrire “à l’arrache” à ce genre de trail.
Que de changements depuis le marathon…
Je prend toujours plaisir à relire mon retour d’expérience sur le marathon, et c’est toujours en le relisant que je constate à quel point j’ai progressé dans mes entraînements.
Sans surprise les résultats en compétition ont suivi même si je ne pourrais jamais accrocher de podium tant les premiers ressemblent plutôt à des extra-terrestres! Mais au fond, c’est lot de 98% des runners: on cours bien souvent contre soi-même et non pour truster un podium.
Il y a clairement eu pour moi un avant et un après marathon. Je sais que le mental qui est une force chez moi joue un rôle majeur dans ces grosses courses. Je n’ai plus peur de regarder les obstacles droit dans les yeux.
Du coup ce trail de 53km, je l’ai abordé d’une manière différente du marathon. Bien entendu de temps en temps un petit peu de stress, mais très rapidement c’est l’envie d’y aller et d’attaquer ce trail qui a pris le dessus. Pas de place à l’hésitation, un peu pour l’anxiété car je ne pourrais pas trop changer la dessus…
Physiquement, malgré un adducteur en vrac depuis un an, je suis au top, j’enchaîne les sorties et les entraînements tout en prenant le soin d’écouter mon corps. Bref I am ready!
Ce qui change…
Là où j’aurais pu choisir un meilleur/autre trail, c’est que celui que j’ai décidé d’affronter se fait en autonomie partielle. Sur les 53km il n’y a que 2 ravitos, soit autant que le nombre de ravitos que j’avais eu pour mon premier semi!
Il va donc falloir à la fois gérer l’hydratation et l’alimentation en plus de gérer ma course. Comme la différence est grande avec le marathon (je vais passer d’un temps de course de 3h50 à environ 7h, soit le double…). Et encore 7h, c’est un temps que je me suis amusé à calculer, mais je n’ai pas la moindre idée de sa faisabilité…
Ce qui change aussi (et surtout j’ai envie de dire), c’est que cette fois, je ne serai pas seul à m’aligner au départ. Je fais ce trail avec deux de mes collègues, expérimentés avec qui je cours régulièrement. Eux sont habitués à ce genre d’épreuve. Et je sens qu’ils me seront d’une précieuse aide pour m’éviter de m’emballer dans la course.
J-2
Je lis quelques comptes rendus de course pour m’imprégner de celle que je vais faire Samedi. J’en profite pour recueillir un maximum de retours d’expériences et de conseils.
Parmi tout cela, la question de l’hydratation et de l’alimentation revient très souvent. C’est une, pour ne pas dire la principale raison d’abandon en trail. Je suis très novice là dessus donc je prends tous les conseils possibles pour ne pas avoir de mauvaises surprises.
Je me prépare une petite “anti-sèche”: j’imprime le profil de la course que je vais coller sur la coque de mon téléphone, ce qui me permettra de mieux appréhender le parcours. J’ajoute quelques données comme le “Dénivelé / 5km” et le “% progression dénivelé”.
J-1
Rien de spécial pour cette avant course si ce n’est que j’évite de boire une petite bière et de manger trop gras ni trop lourd. Je m’enfile un reste de risotto au poulet et ce sera pas parfait.
Pour le reste, je prépare mes affaires: tenue, accessoires, alimentation spéciale (gels, barres…) et je n’oublie pas de recharger ma montre GPS!
J’en profite également pour me concocter des “gâteaux sport” au chocolat, c’est ni plus ni moins que des gâteaux mais un peu plus caloriques!
Il est 22h30h, il est tant d’aller se mettre au lit…
Jour J
H-3
Il est 5h, Xavier s’éveille. Ca pique un peu, mais de toute façon ça fait déjà 30min que je suis réveillé et prêt à aller au mastic!
A cette heure-ci, j’ai pas bien faim et le traditionnel petit déjeuner de sportif à base de pâtes ne me fait pas envie. J’ai choisi pour cette course de ne rien changer à mon alimentation, donc je déjeune simplement quelques tartines beurre/confiture. Et sur le trajet quand la faim arrivera, je mangerai quelques part du gâteau sport que j’ai réalisé.
Une petite douche pour se réveiller, et il est temps de rejoindre mes 2 collègues pour partir ensemble vers Boulieu-les-Annonay, qui se situe à 1h de Lyon.
H-1
Nous voici arrivés et il est maintenant tant pour moi de m’habiller. Première surprise il fait très frais! Alors qu’il faisait 8° quand nous avons quitté Lyon, il fait maintenant 3° et les organisateurs nous annonce qu’il fait 0° et du vent sur les sommets que nous allons gravir. Mon coupe-vent ne sera pas de trop!
Nous récupérons nos dossards dans une ambiance très calme: nous sommes à peine 90 participants! Par contre, la différence avec mes autres courses est flagrante: beaucoup sont équipés comme les parachutistes de la base aérienne de Mont-de-Marsan. Cela ne m’inquiète pas plus que cela, car même si je n’ai qu’un équipement sommaire, je sais qu’en général, il y a beaucoup de gens qui claquent un pognon fou dans leur équipement pensant qu’il fera le boulot à leur place. Une bonne moitié sont équipés de bâtons. Je n’ai jamais couru avec ça et le profil de la course ne semble pas y être propice.
Cela dit, à voir le gabarit de certains, on voit qu’ils ne sont pas venus pour cueillir des champignons!
Jour J, Heure H
En toute modestie, je me place tout de même à l’arrière du peloton dans le sas de départ, j’aurais largement le temps d’évaluer mes concurrents!
Dans une ambiance assez calme le départ est donné. Il est 8h et le soleil n’est pas encore levé, il fait très froid car cela fait maintenant 15min que nous sommes dehors à attendre (et hors de question de m’échauffer, j’aurai le début de course pour ça vu qu’on va pas partir comme des furies!).
A mon grand étonnement, ça part plutôt vite et rapidement les premiers se détachent. Nous, on est toujours au fond du peloton!
K2.5
Première grosse côte et première fois que l’on s’arrête de courir pour marcher. C’est étrange car je suis capable de monter cette côte en courant, mais il faut en garder pour plus tard! Je me cale dans le rythme d’Emeric et Fabien mes deux collègues et on monte en alternant course et marche soutenue. On double quelques concurrents avec cette méthode.
Le soleil se lève enfin et nous réchauffe, ça fait du bien!
K7.5
Cela fait maintenant 5km que nous grimpons, le peloton s’est bien étiré et nous commençons à ne plus être si nombreux que cela. On a du laisser une bonne quinzaine de personnes derrière nous dans la montée. Nous voilà arrivés en haut du premier sommet, nous avons fait 25% du dénivelé total soit 550m de D+. Place maintenant à 5km de descente.
Sur cette descente, on ne lâche pas les chevaux, toujours dans un soucis d’économie. On se fera doubler par quelques concurrents (qui se tromperont d’ailleurs de chemin et se retrouveront derrière nous au final…).
K12.5
Place maintenant à l’ascension de ce que je pensais être LA difficulté du jour, notre grosse côte de 12km/800m D+ au milieu de laquelle se trouve le premier ravitaillement. Le paysage est magnifique, nous avons le temps de l’apprécier dans certaines côtes où ne pouvons que marcher. On a déjà passé l’heure de course et donc il est temps de s’alimenter un peu. J’ai pris de quoi m’alimenter toutes les 45min environ et j’essaie de boire une gorgée toutes les 5min.
K17.5
Le ravitaillement approche, je choisis ce moment pour m’enfiler un gel et ainsi profiter du ravitaillement pour prendre des choses qui me font envie et plaisir sur l’instant: un peu de coca, un peu de chips et une banane et ça repart! Il nous reste 7km d’ascension et ensuite ce sera la délivrance: 14km de descente!
On a encore repris une dizaines de traileurs sans se faire doubler une seule fois.
On alterne entre chemins, routes bitumées et sentiers. Tout cela se passe bien, je trouve même 2 cèpes en chemin, mais je les laisserai en compagnie des centaines d’amanites que nous croiserons ce jour là! La montée se déroule plutôt bien dans l’ensemble, on cours assez régulièrement entre deux marches. La fin est un peu raide et le sommet tant attendu se dévoile enfin à nous! Libérés!
K24.5
Une petite photo et on entame la descente, ça va faire du bien au corps de se reposer.
Çà c’est ce que je croyais. En réalité, on descends comme des fous et nous doublons cette fois une poignée de traileurs. Cela fait du bien au corps de pouvoir se lâcher un peu et ça fait tout autant de bien à la tête de doubler des concurrents et aussi de revenir à des rythmes de course plus classiques!
K28
Le rythme de la descente me provoque une douleur au genoux droit qui s’en va au bout de 2km (ouf). En revanche, l’une de mes douleurs récurrente en profite pour prendre le place: mon adducteur douloureux se réveille et se mets à siffler (j’entends par là, que je ressent comme un pincement à chaque fois que je ramène la jambe près de mon corps).
K32.5
Nous croisons des orgas qui pointent les participants. On leur demande notre place “il y a en a 50-60 devant vous”. Super précis… Je suis un peu déçu car je pensais en avoir doublé plus que ça!
Il reste 5km de descente et je la vis un peu difficilement, moi qui m’étais préparé mentalement à récupérer dans cette dernière. Je m’accroche tout en me disant que les adducteurs seront moins sollicités dans les montées à venir. Je compte chaque 100m qui nous sépare du tant attendu ravito!
K36.5
La bonne surprise c’est que le ravito arrive 1km plus tôt que prévu sur ma carte et par conséquent, c’est 1km de souffrance en moins! A ce ravito, je me lâche une fois de plus sur le salé (fromage, tucs) et surtout chose inédite pour moi, je pars m’asseoir 2min tout en sachant que je risque de le regretter en repartant quand mes muscles auront refroidi. Un petit sms et c’est reparti, après une pause d’environ 5min, on attaque la suite et fin de ce trail. La reprise est un peu raide dans tous les sens du terme mais les adducteurs me laissent un peu de répit.
Ce que je n’avais pas bien vu, c’est que nous allions prendre 500m de D+ en 5km et à ce stade de la course ce fût difficile pour moi même si il n’y avait rien d’autre à faire qu’à marcher et courir à de rares endroits au vu de la pente!
K42.5
On arrive au sommet de la dernière difficulté, j’en ai bavé mais j’y suis! Le chrono est pas si mauvais, on devrait pouvoir boucler tout ça en moins de 7h c’est quasi sûr! Fabien et Emeric semblent être plus en jambe que moi dans la descente, on se sépare donc pour les 10 derniers km! Sur le dernier km juste avant de se quitter je fais un km à 5’10, normal d’avoir la sensation d’en baver!
Je continue à descendre à mon rythme, qui n’est pas si médiocre que cela au final!
K46
J’aperçois au détour d’un virage Fabien et Emeric au loin, cela me motive de les revoir! En premier lieu, je me dis qu’ils ont du se tromper de chemin pour que je les reprenne, mais non, j’ai finalement couru plus vite qu’eux sur ce dernier km… Je parviens à les rejoindre mais je commence à être au bout physiquement et Fabien qui est vraiment en jambe repart, cette fois tout seul. Je continue la course avec Emeric. A ce stade, nous avons encore doublé quelques traileurs.
K49
On touche au but, j’entends depuis 1km la sono sur ma gauche, ça fait du bien de se dire qu’on y est presque…Petit à petit je me rends compte que j’entends la sono derrière moi, c’est comme si elle s’éloignait…Je sors ma carte et le verdict tombe: on a raté un passage. Demi-tour!
C’est dur de revenir sur ces pas, même si grâce à ma réaction rapide, nous n’avons perdus que 400m environ, mais à ce stade de la course ça pèse et ça fait mal au moral surtout qu’un des types qu’on avait doublé en a profité pour nous reprendre une place!
K50
Je souffre toujours dans les descentes et je suis un peu sec, je laisse Emeric partir seul et je finis la course tranquillement en alternant course et marche selon les portions.
K51
De retour dans le village, on croise à nouveau des gens venus nous encourager. Ils sont très peu nombreux, mais ça aide à passer la fin de course, je suis cuit, mais je reprends encore une personne, ça motive!
K53
Finisher! Je franchis la ligne d’arrivée avec un super temps: 6h37m22, loin des 7h que je m’étais fixé! Emeric termine finalement avec 1min d’avance et Fabien avec 10min! Au classement ça donne 44/91, pas si mal!
J’ai beaucoup moins mal qu’au marathon et je me sens bien. Je laisse passer 5min et file me ravitailler en regardant les autres finishers arriver.
A refaire?
Sans hésiter oui! Déjà que le marathon m’avait donné l’envie d’en refaire un autre, c’est encore plus intense pour le trail. Je l’ai tellement mieux vécu que le marathon. C’est sans doute lié au terrain, et à l’alternance entre marche et course qui fait que le corps souffre différemment que sur un marathon ou c’est 42km non stop sur du bitume.
Je n’ai pas souffert de problèmes gastriques, pas de coup de mou. Hormis mon adducteur qui a fait des siennes tout s’est super bien passé! Je pense retourner à la salle de muscu pour lui réserver un petit renforcement! Zéro courbatures le soir même même si j’avais les jambes fatiguées. Le dimanche, j’ai enchaîné sur une petite promenade de 10km sans soucis! J’ai été surpris par la faculté de récupération de mon corps sur ce coup!
Et même si à J+2 ou J+3 je me sentais apte à recourir, j’ai préféré être sage et laisser passer 1 semaine pour reprendre la course.
Mon prochain objectif reste à fixer mais j’aimerai m’aligner sur une distance plus importante et sur une course un peu plus renommée! Stay tuned…
Pour les curieux, voici mon activité Strava: